Retrouvailles [PV Edward Lennox]

Keith sortait à peine du F.B.I, agence fédérale célèbre à travers le monde, parfois moins reluisante qu'on ne voulait le faire croire. Il rajusta sa veste et remonta le col de son manteau noir quand le vent frais d'hiver fouetta son visage. Il pensa à sa fille et espéra qu'elle ne soit pas encore à son travail en train de peaufiner tel ou tel article pour le journal de demain. Il en parlait souvent avec elle : il trouvait qu'elle travaillait beaucoup pour une journaliste et il avait un peu peur que sa patronne abuse de sa motivation et de sa détermination à faire un article. Malheureusement, toutes les discussions sur le sujet restaient stériles et chacun gardait son idée fixe en tête. Il secoua la tête pour penser à autre chose et salua un des vigiles qui sortait en même temps que lui. Ne sachant pas trop quoi faire : il n’était que 20h30 et il ne s’endormait jamais aussi tôt ; il décida de faire un tour par le River Ness.

Il connaissait ce bar pour plusieurs raisons : premièrement le patron avait eu à faire à Keith plus d’une fois quand il travaillait encore à la brigade des stupéfiants et ensuite, Keith avait failli sombrer dans l’alcoolisme à une époque et souvent ce bar était son point de chute. Ses pas le dirigèrent dans la rue sombre presque mécaniquement, il ne faisait pas vraiment attention au chemin qu’il prenait ; il le connaissait par cœur. Sur le chemin, comme toujours, des cadavres de seringues que les toxicos avaient laissé là, quelques bouteilles de bière, certaine explosé comme si elles avaient servi à une rixe entre deux soûlots. Triste décor pour un quartier qui n’avait rien à envier au fameux Gardennia Lane. Mais, il avait mauvaise réputation et rare était ceux qui traînaient dans le coin une fois la nuit tombée.

Il rentra dans le bar sans faire attention aux inscriptions anti-flics tagué sur la porte miteuse de l’établissement tout aussi miteux. Il se dirigea tout de suite vers le comptoir, pas la peine de traîner trop prêt des tables des motards et autres qui n’attendaient que cela pour vous détrousser. S’asseyant sur un tabouret, il salua avec un grognement le patron qui lui servit un whisky sans lui demander son avis. Se tournant vers la droite où se trouvait un vieil écran télé, il aperçut une tête connue.

Nombre de messages : 46 Date d'inscription : 10/02/2009

20h. Edward avait quitté les locaux du FBI, il avait terminé sa journée. Pour une fois, celle-ci n'était pas hyper rallongée, il n'y avait pas de dossier sensible en suspens qui nécessitait de rester sur le qui-vive. Il pouvait rentrer chez lui tranquillement et se détendre avant de commencer une nouvelle journée. Eh bien non, il n'avait pas spécialement envie de se retrouver chez lui ce soir là. Du moins, pas encore.

C'était aujourd'hui un jour particulièrement déplaisant.. le 26 avril. En effet, quatre ans plus tôt, jours pour jours, il perdait sa chère et tendre épouse. D'une façon particulièrement horrible qui plus est.

Enfin, ce n'était pas particulièrement son genre se pleurnicher sur le passer, de s'appitoyer sur lui même, mais ce souvenir restait toujours très présent en lui. En quatre ans, il avait fait son deuil, mais tout de même, chaque année, à la même date, il se disait que s'ils n'étaient pas montés dans ce bus....

En sortant de l'agence, il dirigea alors ses pas machinalement vers un bar qu'il avait longtemps fréquenté. Un endroit assez peu recommandable par les fréquentations mais aussi par les différents trafics dont il était le théâtre. Dans cet endroit de Seattle, le crime était quotidien. Les dealers sortaient le soir pratiquement au vu et au su de tous et se rendaient dans les faubourgs Est de la ville.

"le River Ness "

Ce bar mal famé fréquenté au cours de la période la plus noire de son existance. Mais aussi le point de départ de sa première enquête au sein de l'Agence Fédérale.

Entré dans le bar, il alla prendre place à une table choisie soigneusement. Ni trop reculée ni trop exposée, elle était légèrement en retrait par rapport à un écran géant de télévision. Cet écran captait toute l'attention des quelques personnes encore assez sobres pour comprendre les images et il y aurait pu y avoir un meurtre autour, personne n'aurait rien remarqué. C'était fou, les gens étaient parfois comme des automates, les yeux rivés sur un point, ou perdu dans l'horizon... il n'y a pas si longtemps, Edward avait occasionellement été de ceux là.

Ce soir là, il commanda un Gin. A mesure que l'horloge près du comptoir égrenait les minutes, Edward était de plus en plus loin, perdu dans un monde preque parallèle. Son esprit était enfermé dans des images qu'il semblait être le seul à voir. Néanmoins, il n'avait pas totalement sombré dans la léthargie puisque du coin de l'oeil, il observait les gens assis aux tables environnantes.

Puis un regard. Il sentit un regard se poser sur lui.

Instinctivement, il leva les yeux pour capter ce regard. Lorsqu'enfin il trouva à qui appartenait cette paire d'yeux, il crut avoir eu une hallucination.

Il y avait longtemps que Keith n'était plus surpris par les choses qui l'entouraient, mais là c'était plus qu'une simple chose ou une nouveauté étonnante. Au début, il n'en crut pas ses yeux, pourtant il avait à peine touché à son whisky : l'alcool n'était donc pas en cause. Se recomposant un masque d'autorité, il se leva de son tabouret et s'approcha de la table où Edward siégeait tel un roi solitaire sur son domaine. Il ne s'assit pas tout de suite, buvant une gorgée du liquide ambré que contenait son verre. Edward semblait aussi surpris que Keith ne l'avait été. Cette rencontre faisait remonter de vieux souvenirs, vieux d'une vingtaine d'année. Il s'assit enfin et eu un léger sourire :

Keith - Il n'y a pas si longtemps si tu m'avais fixé comme tu le fais maintenant je t'aurais traité de tête de nœud et je t'aurais réveillé à coup de pompe dans le cul, mais aujourd'hui on n'est plus dans les marines, n'est-ce pas ?

Il n'attendait pas vraiment de réponse, il parlait d'une époque maintenant révolue. Époque où il formait les engagés pour en faire des marines, des vrais qui n'auraient peur de rien et qui iraient combattre pour leur pays sans en récolter les honneurs. Edward Lennox était un des engagés que Keith avait un peu maltraité comme tous les autres d'ailleurs. Il avait toujours été partisan de la manière forte, mais au moins il avait toujours été juste. Éloignant ses pensées de cette époque, il se reconcentra sur le moment présent. Observant attentivement Edward, il remarqua qu'il était trop bien habillé pour être client du River Ness, pourtant il y était. Il le voyait mal en voyou ou en dealer de drogue. Il remarqua la trace d'une alliance sur son annulaire : il avait été marié.

Keith - Tu as dû faire du chemin depuis le camp d'entraînement pas comme tous les autres gus qui sont passés par les marines. Tu es devenu quoi après ton service ?

Il l'imaginait en chef d'entreprise accomplit ou en prof d'université respecté par ses pairs pour son travail sur tel ou tel sujet. C'était l'une des recrues les plus intelligente qu'il avait eu sous ses ordres, c'était aussi un soldat prometteur ce qui ne gâchait rien. Mais Keith avait pour mission de les former pas de discuter plan de carrière avec eux, aussi n'avait-il jamais demander à ses recrues ce qu'ils comptaient faire dans le civil. Il savait que la plupart des tarés qu'il avait sous sa garde resterait dans les marines toute leur vie parce qu'ils aimaient ce bourbier dans lequel tout marines évolue. Après tout, lui aussi avait failli y rester toute sa vie. Mais il savait aussi qu'au milieu de ses tarés de la gâchette, il y avait des gens plus sensés et il était persuadé que Lennox en faisait parti.

Nombre de messages : 46 Date d'inscription : 10/02/2009

Edward n'en croyait pas ses yeux. Se tenait devant lui Keith Greenall... le sergent Greenall comme il l'appelait du temps où ils s'étaient connus. C'était une bonne dizaine d'années auparavant, quinze ans tout au plus. L'époque du service militaire, chez les Marines. Le souvenir était encore bien frais dans l'esprit de l'agent fédéral. L'odeur du cuir graissé, le souvenir des inspections de chambres à 3h30 du matin, les départs pour des raids surprise avec tout le packetage.. avec le recul cela arracha un sourire amusé à Edward.

Revoir aujourd'hui celui qui avait été son instructeur fit naître en lui un sentiment tout drôle, un coup de vieux ? Peut-être bien. Mais également le sentiment d'avoir fait du chemin depuis cette époque révolue, cette jeunesse en fuite.

Il n'y a pas si longtemps si tu m'avais fixé comme tu le fais maintenant je t'aurais traité de tête de nœud et je t'aurais réveillé à coup de pompe dans le cul, mais aujourd'hui on n'est plus dans les marines, n'est-ce pas ?

Cette réplique fit ressurgir le sergent autoritaire, intraitable qu'il avait connu.

- C'est vrai, Sergent Greenall.

Répliqua-t-il d'une voix teinte de malice, d'amusement certain et un brin provocateur, comme souvent.

Il avait fait exprès d'utiliser son grade de l'époque pour s'adresser à lui.. une sorte de clin d'oeil au bout de chemin parcouru ensemble.

Mais ce temps là était bel et bien derrière eux.

Qu'était-il devenu entre temps ? C'est vrai, il n'était pas resté dans les marines, à mijoter dans une base ou crapahuter sous le feu des obus et autres.

- J'ai intégré la SWAT j'ai dû rester 6 ans, je me suis marié et ai intégré le Bureau. Section Affaires classées.
- Et toi ? |Hj; tu ou vous ?|

Il prit une de Gin et scruta quelques instants, de plus près, l'aîné des deux. Ses traits s'étaient adoucis depuis, comme lui, une alliance ornait son annulaire gauche. Il était donc marié. Rien de bien étonnant en réalité, d'après ce qu'il se souvenait de la valeureuse époque, beaucoup de recrues disaient de cet instructeur redouté et redoutable qu'il était bel homme. Ils n'avaient pas tout à fait tord. Avait-il été chanceux dans ce domaine là ? Curiosité...quand tu nous tient.

[HJ : Plutôt "tu", disons que ce sont de vieilles connaissances donc ils laissent tomber les "vous"]

Edward - C'est vrai, Sergent Greenall.

Keith se contenta de sourire. Cela faisait maintenant plus de 15 ans qu'on ne l'avait pas appelé par son grade ; si l'on exceptait le quartier-maître qui l'avait traité de petit sergent d'opérette lors d'une enquête et qui s'était ramassé un coup de pied dans l'arrière-train par son supérieur. Tout, depuis l'usage de son grade jusqu'au ton qu'avait employé Edward faisait remonter des souvenirs d'un temps lointain. Si Keith avait reproché quelque chose à Edward, ce n'était pas son manque de talent ou d'initiative, ni même son manque d'efficacité, c'était ce petit air légèrement insolent. Il n'avait jamais vraiment dépassé les limites ou ignorer un ordre direct, mais pourtant l'insolence semblait poindre quand il s'adressait à un supérieur : c'était sûrement dû à la jeunesse ; après tout Keith avait été jeune lui aussi et il avait été insolent plus d'une fois envers son instructeur. Jamais méchant, toujours trop sûr de lui et souvent trop énergique. Ce n'était pas tout à fait pareil pour Edward, du moins à l'époque, aujourd'hui plusieurs années étaient passées et Keith ne connaissait pas son parcours et sa vie ; bref tout ce qui aurait pu changer un tant soit peu son caractère, en bien ou en mal. Buvant une gorgé de son whisky, regrettant comme toujours qu'on ait oser le brutaliser avec des glaçons, il écouta attentivement la réponse de Lennox. Il n'était pas dur de la feuille, du moins pas encore, mais un détail l'avait interpellé. Il n'était pas sûr d'avoir compris. Il travaillait au bureau, lui aussi ; curieuse coïncidence et Keith ne croyait pas au coïncidence.

Keith - Le SWAT puis le F.B.I, un parcours atypique. Moi, je ne suis pas devenu grand chose : instructeur pendant quelques années, retiré des marines avec les honneurs comme ils disent puis la brigade des stups et enfin la brigade judiciaire au F.B.I aussi ; comme quoi le monde est vraiment petit.

Cette soirée était pleine de surprise et même si Keith n'aimait pas les surprises, celles-là étaient à son goût. Finissant son verre de whisky, il appela le barman et en commanda un autre ainsi que pour Edward. Il demanda qu'on ne mette pas de glaçon dans son verre cette fois ; un vrai whisky se boit sec. Regardant autour de lui, il trouvait qu'Edward et lui faisait vraiment tâche dans le décor miteux du bar ; au milieu des voyous et des toxicos. Il se reconcentra sur Edward.

Keith - Si tu travailles aux affaires classées, tu dois être sous la direction de Vesper Lawson. Un très bon agent d'ailleurs et qui sait tenir ses hommes, n'est-ce pas ?

Il tournait un peu autour du pot, pas parce qu'il n'avait rien à dire, mais parce qu'il n'était pas très habitué aux discussions entre vieux amis et aussi parce qu'il y avait certains sujets qu'il ne préférait pas aborder ; par exemple le coup classique du "tiens, au fait tu es marié ?". Il n'aimait pas trop parlé de sa femme ou de sa famille, il n'aimait pas trop parlé tout court d'ailleurs. Et il sentait que Edward non plus n'avait pas forcément très envie de parler de sa femme ; était-elle morte comme la sienne ? Cela aurait fait une coïncidence de plus et un point commun de plus entre les deux hommes.

Nombre de messages : 46 Date d'inscription : 10/02/2009

[Hj. Désolée pour l'attente... ]

C'était un curieux hasard qui avait fait se retrouver les deux hommes.. quinze ans plus tard. Chacun d'eux travaillait dans les même locaux du Bureau et pourtant, ils ne s'étaient jamais croisés. Cela dit, il n'y avait pas grand chose d'étonnant puisque les différentes sections restaient relativement indépendantes sauf en cas d'affaire majeure où toutes leurs forces étaient sollicités.

Les étages étaient différents, cela pouvait semblait un maigre obstacle, mais souvent du 1er au 2ème la vie avait pourtant un tout autre cours. Un des paradoxes de l'agence..

Keith avait d'abord fait un "séjour" dans la brigade des stup'.. puis il avait changé pour se retrouver dans la brigade judiciaire. Les crimes & délits.. les stups pourtant avaient selon toute logique un lien étroit avec les délits puisque la détention à but de distribution de substances illicites est considérée comme tel.

Mais la section agissait dans un domaine plus vaste s'étendants aussi aux crimes contre l'Etat, ses représentants, mais aussi contre les citoyens. La brigade judiciaire..

Quant à la section des affaires classées, elle récupérait les dossiers que les juges fédéraux avaient déterminées comme "sans suite."

Souvent, les enquêtes étaient réouvertes à la demande de la famille, ou bien avec la découverte d'éléments nouveaux. La deuxième instruction était donc prise en chage par la section de Vesper.

Keith la mentionna d'ailleurs, louant au passage les qualités de la jeune femme en tant que numéro 1 de section. Edward quant à lui ne put que confirmer. En effet, sa supérieure hiérarchique directe prenait son travail très au sérieux et ne laissait pas ses agents commettre des débordements de quelque ordres qu'ils puissent être.

- C'est effectivement une excellente n°1.

Brigade jud' ... il en était le superviseur depuis le départ à la retraite de l'ancien.. comment s'appelait-il déja ? Richard Newton ?

- Et ta nouvelle adjointe, Annabella Wilson c'est ça ? Elle doit avoir un sacré caractère non pour bosser avec toi ?

Nouvelle boutade.

Eh oui, le petit air insolent qu'affichait quasi constamment Edward lorsqu'il avait quelques années de moins ne s'était pas totalement estompé.

» Federal agent E. Lennox ; *____ 100 % completed..
» Des retrouvailles perturbantes [Pv Ethan]