Mauvais départ [PV Eileen]

C'était un matin tout à fait comme les autres et comme tous les autres matins, Drake s'était une fois de plus réveillé complètement épuisé, il n'avait dormi qu'une poignée d'heures et arrivait à peine à ouvrir les yeux. Prenant son courage à deux mains, il s'était aspergé le visage d'eau et s'était préparé à la va-vite, attrapant la première chemise qui lui était tombé sous la main et un jean noir reposant négligemment sur le dossier du fauteuil de la salle à manger. C’est ainsi qu’en à peine dix minutes, il fut fin prêt à aller botter les fesses des méchants de la ville. Sa tenue laissait certes à désirer, un pan de la chemise froissée dépassant de son pantalon et une cravate à peine nouée pendant sur le côté, mais Drake s’était toujours dit qu’un flic mieux habillé ne ferait pas forcément un meilleur boulot. On lui avait souvent tapé sur les doigts à cause de son manque de soin vestimentaire mais il avait malgré tout réussi à passer superviseur adjoint de sa section.

Ce jour-là, il fallait bien avouer qu’il était particulièrement endormi et qu’il risquait sérieusement de se faire renvoyer chez lui s’il ne se reprenait pas. C’est pourquoi, pénétrant dans le building du FBI, il décida se prendre en main et d’essayer d’avoir l’air en pleine forme, mais c’était sans compter sur le fait qu’il ne s’était bien évidemment pas regardé dans le miroir avant de partir et c’est quand il entendit les rires moqueurs des officiers chargés des entrées et sorties du bâtiment qu’il réalisa que la partie était loin d’être gagnée. Il soupira puis se rendit rapidement jusqu’au toilettes du rez-de-chaussée, sans omettre de d’adresser un petit signe de la main aux officiers au passage.

Il ressortit des toilettes pour hommes quelques secondes plus tard, ayant arrangé sa chemise et remis sa cravate de façon à ce qu’elle paraisse à peu près droite. Drake n’avait jamais été doué pour les nœuds de cravates, malgré toutes les personnes qui s’étaient acharné à lui apprendre, il n’avait jamais rien retenu et arrivait à peine à un résultat convenable, ce qui était bien dommage lorsque l’on était chargé de travailler en costume et de représenter la loi.

Le jeune flic se rendit ensuite jusqu’à l’ascenseur et appuya sur le bouton afin que celui-ci vienne le cueillir. Ne voyant rien venir et surtout n’entendant même pas la bête bouger, il ré-appuya plusieurs fois avec force jusqu’à ce qu’une petite voix derrière lui le ramène à la réalité.

« Vous ne ferez rien de plus que casser le bouton si vous continuez, l’ascenseur est en panne. »

Se retournant vers la femme de ménage qui venait de lui parler, l’air contrarié il lança ;

« Et ça serait bien sûr trop demander que de le signaler ? En faisant je sais pas moi, un panneau ? Une affiche ? »

A ces mots, la bonne femme ne dit rien et se contenta de montrer du doigt un panneau d’affichage juste à côté d’eux où il était effectivement marqué « Ascenseur Hors Service ». Drake ferma alors les yeux, contenant sa rage et surtout sa honte puis se dirigea vers les escaliers sans un mot, tentant de ne pas se retourner en entendant le petit rire moqueur de la technicienne de surface.

C’est ainsi qu’il commença son ascension vers le quatrième étage, prenant les escaliers malgré les douloureuses courbatures qui le tiraillaient depuis la veille.

*Pourquoi la section des Crimes Sexuels ne se trouve-t-elle pas au rez-de-chaussée ? Pourquoi ?!*

Arrivé au troisième étage, il se rappela que la section des Portés Disparus et celle des Crimes Sexuels avaient un dossier en commun. Un sourire vint alors éclairer son visage jusqu’alors crispé par la douleur.

*Ce sera l’occasion de m’arrêter quelques minutes avant de monter au bureau.*

Poussant la lourde porte de secours qui séparait les escaliers du couloir, il pénétra dans la section des Portés Disparus. Il commença à marcher en direction de là où il pensait pouvoir trouver une machine à café et, lissant sa chemise du plat de la main il ne vit pas arriver la personne qui le percuta violemment. Grimaçant de douleur (décidemment ce n’était pas vraiment sa journée), il laissa échapper un;

« Désolé, je ne faisais pas attention. »

Le matin, une chose assez difficile pour certain. Pour Eileen cela arrive parfois, mais bizarrement ce matin ce n’était pas son cas.

Eileen s’était levée normalement. Elle était sortie de son lit à l’heure, avait pris sa douche et s’était habillée sans problème. Nan les complications sont arrivés après. Lorsque Hannah est sortie à son tour de la salle de bain comme une furie, les cheveux dans tout les sens. « Je suis en retard! Je vais rater mon bus! S’il te plait Eileen emmènes moi au lycée. Sinon je ne serais jamais à l’heure. » Comment dire non. Alors Eileen sacrifia les 10 minutes qui lui restait pour son café du matin à Hannah. Elle la déposa donc au lycée et arriva au travail à l’heure, mais sans son café. Et l’ascenseur était en panne. Heureusement pour elle, son bureau n’était qu’au 3ème étage. Elle arriva donc dans son bureau légèrement essoufflée. Elle s’assit à son bureau, où déjà commençait à s’entasser la paperasses. Être superviseur adjointe avait des avantages, mais aussi des inconvénients. Comme celle de devoir remplir des dizaines de dossier.

Eileen prit le premier de la pile et l’ouvrit. Il s’agissait de la disparition de Christopher Bings. Un avocat qui en fait s’était enfuie aux îles Caïman pour fuir ses créanciers. Une histoire casse pied à résoudre, et le dénouement n’en est que plus ridicule à la fin. Et le dossier risquait d’être pénible à faire. Eileen poussa un soupir. Sans un café, elle n’arriverait à rien. Elle se leva donc et sortit de son bureau,, direction la machine à café.

Certes le café de la machine n’était pas des meilleurs, mais au moins, elle aurait sa dose de caféine. La machine venait de finir de sortir son jus. Eileen attrapa le gobelet et se retourna, ne faisant pas attention à la personne qui arrivait et qu’elle percuta de plein fouet, renversant son horrible café que son tout nouveau gilet gris. Ce dernier s’excusa immédiatement. Et Eileen bredouilla des excuses à son tour, tout en épongeant le café avec une serviette.

« C’est rien je faisais pas attention aussi. Le plus triste c’est que je viens de perdre ma dose de caféine. »

[C'est pas terrible... Désolée]

[Nan, t’en fais pas c’est nickel ^^]

Le jeune agent avait souvent eut des matinées assez rudes mais il fallait dire que celle-là commençait définitivement très mal. Obligé de monter les trois étages à pieds malgré de douloureuses courbatures, il venait juste à l’instant de bousculer une personne travaillant au FBI et de lui renverser son café dessus. S’il avait un jour eu de la chance, elle l’avait maintenant abandonnée. C’était certain.
Car quelle meilleure façon de commencer la journée ?
Drake demeura un court instant à regarder ses pieds, pas certains du fait qu’il doive oui ou non regarder la personne qu’il venait de bousculer. Avec le peu de chance qu’il avait, ce serait soit une de ces mégères des archives, soit un des chefs et à vrai, il valait mieux pour le jeune homme que ce soit la première option.

Drake releva finalement la tête vers la jeune femme en entendant ses paroles. Persuadé d’avoir eu affaire à une des bonnes vieilles femmes des archives, il fut étonné de se retrouver, non face à une mégère ridée, mais à une ravissante jeune femme à la chevelure blonde. Esquissant un sourire amusé à l’entente des derniers mots de celle qu’il supposait être un agent de la section des Portés Disparus, il fit mine de réfléchir avant de lancer ;

« Bon, dans ce cas, que diriez-vous du fait que je vous repaye votre café et après, parole d’honneur, vous n’entendrez plus jamais parler de l’agent maladroit qui a ruiné votre gilet ! »

Affichant un large sourire, Drake tendit finalement la main à la jeune femme afin de se présenter ;

« Et, au fait, moi c’est Drake Lowe, je travaille à l’étage au dessus. La section chargée des crimes sexuels. »

En général, il n’avait pas vraiment l’habitude de squatter les autres étages du building, mis à part celui des affaires classées, mais dans ce cas, Drake pensa que ça ne lui ferait pas de mal de s’éterniser un peu. Après tout, il était responsable du cruel massacre du haut de la jeune femme, et dieu sait qu’il savait à quel point les femmes étaient attachées à leurs affaires en général, surtout lorsqu’il s’agissait de vêtements. Ses précédentes copines lui en avaient plusieurs fois fait la remarque et il n’avait d’ailleurs jamais réellement compris le culte qu’elles vouaient à leurs fringues. Il faut dire que le jeune homme n’était pas réellement du genre soigné, il avait certes une hygiène irréprochable, mais en ce qui concernait les vêtements, il n’était pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une victime de la mode et c’était sûrement pour ça qu’il n’avait jamais rien compris aux femmes… En songeant à cela, il jeta un rapide coup d’œil à se tenue, s’assurant qu’il était quand même présentable. Fort heureusement pour lui, il avait réussi à replacer sa chemise correctement mais malgré tout sa cravate n’avait pas bonne mine. Il eut un léger soupir avant de se dire que de toute façon, le chef de la brigade des Crimes Sexuels n’était pas censé être là aujourd’hui.

Le jeune homme écouta parler l'agent des Portés Disparus et se dit qu'il ne serait sûrement pas celui qui la contredirait lorsqu'elle employa le mot "atroce" pour qualifier le café instantané de la machine qui se trouvait dans le bâtiment. Il était clair que celui-ci n’avait pas été fait pour les gens voulant uniquement apprécier la saveur du café. C’était un distributeur d’énergie voilà tout. En songeant à cela, Drake se dit que la boisson instantanée ne serait vraiment pas de refus en considérant la nuit qu’il avait passée.
Drake esquissa un sourire en coin en entendant la jeune femme dire qu’ils seraient forcés de se croiser dans les couloirs du bâtiment ou dans le cas d’affaires communes. Il était vrai que les affaires communes n’étaient pas vraiment une chose rare au FBI, et les agents avaient pris l’habitude de travailler ensembles malgré le fait qu’ils n’étaient pas de la même section et surtout malgré le fait qu’ils ne se connaissaient pas forcément. Ce genre d’affaire aidait à améliorer les liens entre les agents et c’était certainement un plus. Lorsque l’on était policier on devait apprendre à collaborer et à se serrer les coudes, les atrocités que l’on pouvait parfois voir étaient bien assez sans qu’en plus il règne une ambiance pourrie durant l’enquête.
Il fut soudain interrompu dans ses pensées par l’agent Walker lui demandant s’il n’était pas le superviseur adjoint de la section des crimes sexuels. Il releva la tête vers la jeune femme à l’entente de ses mots et esquissa un sourire malicieux.

« Oui, c’est bien moi. Je ne savais pas que j’étais connu ici ! »

Drake reprit finalement son sérieux et se demanda pourquoi l’agent de la section des Portés Disparus avait entendu parler de lui. Il songea un instant au fait qu’il aurait pu faire une connerie dans son travail, ou ne pas respecter les lois durant un interrogatoire. Ce ne serait sûrement pas la première fois que ça arriverait mais de là à ce que ça aille jusqu’à l’oreille des agents des autres sections…
Drake secoua légèrement la tête, chassant ses pensées négatives de son esprit et reporta son attention vers l’agent Eileen Walker.

« Je… Vous avez quelque chose pour moi ? Des réprimandes à me faire… peut-être ? »

En disant ces derniers mots, l’agent Lowe avait légèrement rentré sa tête à l’intérieur de ses épaules, fronça légèrement les sourcils, affichant un air interrogateur. Il avait certes l’habitude de se faire réprimander par son supérieur, d’ailleurs il se demanderait toujours pourquoi il avait tout de même été choisi au poste de superviseur adjoint, mais pas par les collègues des autres sections. Avait-il mal rempli un dossier ? En avait-il perdu un ? Avait-il transféré un mauvais dossier aux portés disparus ? Il fallait dire qu’il avait eu un tas de paperasse récemment et ce boulot de bureau n’avait jamais été son fort alors peut-être avait-il été négligent ? Un beau jour on lui avait collé un fatras de dossiers à remplir et à classer et il avait vite été débordé.
Drake soupira légèrement en pensant à tout ça et attendit finalement la réponse de la jeune femme. Il ne l’imaginait pas vraiment lui crier dessus mais après tout, c’était sous le visage des plus belles femmes que se cachaient les pires de démons…

Drake ne put réprimer un large sourire en entendant le rire cristallin de la jeune femme. Ses yeux rieurs lui donnant un air particulièrement enfantin et tellement craquant. Le blond écouta chacun de ses mots avec attention et eut un léger air ennuyé lorsqu’elle lui parla du fait qu’il devait encore une fois faire de la paperasse, mais cet air s’évanouit l’instant d’après lorsqu’il comprit que ce ne devait être qu’un truc rapide à contrôler et non pas un long dossier à remplir comme il en avait si souvent fait.

Quand elle lui parla du fait de se tutoyer, Drake hocha vivement la tête pour montrer qu’il était tout à faire d’accord avec la jeune femme. Puis, l’idée d’aller prendre un café sur le champ s’imposa dans l’esprit du jeune homme comme la meilleure des idées. En effet, on pouvait dire qu’il avait vraiment besoin d’une dose de caféine ce matin-là, et sûrement comme la plupart des agents. Les enquêtes étaient souvent pesantes pour le moral et également crevantes physiquement. Il n’était pas forcément toujours aisé d’avoir le bon nombre d’heures de sommeil lorsque l’on travaillait au FBI, et pour l’agent Lowe qui était déjà à la base un oiseau de nuit, le fait de se réveiller au levée du soleil pour aller bosser n’était pas quelque chose de particulièrement appréciable.

Drake regarda un instant l’agent Walker et ne put s’empêcher de fixer son regard sur le sourire radieux qui venait de naître sur ses lèvres. C’était une belle jeune femme qui ne devait certainement avoir aucun mal à trouver un partenaire. Elle était assez grande et parfaitement proportionnée, ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus pétillants lui donnaient des allures de petite fille qui la rendait absolument rayonnante, elle devait sûrement être consciente de sa beauté, mais étrangement, Drake n’imaginait absolument pas la jeune femme en jouer.
Au bout de quelques secondes d’observation, il reporta son attention sur le sujet de leur conversation et finit par lâcher ;


« C’est d’accord, je te paye ton café et j’ai mon dossier, même si je dois t’avouer que la paperasse n’est pas vraiment ce que je préfère dans ce métier ! »

Un léger sourire en coin se forma sur les lèvres du jeune homme alors qu’il commençait déjà à se diriger vers la machine à café, incitant la jeune femme à le suivre d’un léger signe de la main.

Drake fut des plus enchantés lorsqu’il entendit la proposition de la jeune femme. En effet, l’idée de passer un peu plus de temps avec l’agent Walker était loin d’être déplaisante. En effet, Drake semblait vraiment apprécier la compagnie de la jeune femme, elle avait quelque chose en elle qui attirait indéniablement, que ce soit au niveau simplement amical ou au niveau de l’attirance physique. Il ne pouvait pas s’imaginer, même l’espace d’un instant, qu’un être aussi charmant puisse avoir des ennemis. Bien que lorsque l’on est un membre du FBI, les ennemis arrivent comme les abeilles autour d’un pot de miel et on ne s’en rend même pas compte.
Depuis qu’il avait intégré le FBI, après avoir été simple policier durant quelques années, Drake avait aisément pu voir la différence entre les deux sections. En étant flic vous étiez certainement la cible de pas mal de petits délinquants et autres fauteurs de trouble plus ou moins dangereux mais lorsque l’on faisait partie du FBI, l’enjeu était tout autre. Ce n’était plus les délinquants des quartiers chauds qui venaient vous chercher des noises mais plus les terroristes de haut rang à qui personne n’aurait aimé avoir affaire. Eux représentaient le réel danger. Ils haïssaient les agents du FBI et de toute manière, les agents le leur rendaient bien. Et forcément qu’à ce stade là, on se faisait vite des ennemis à tous les niveaux de criminalité.
C’était peut-être un métier dangereux, sûrement même. Drake se souvenait encore de la balle qu’il avait reçue dans l’épaule alors que lui et son équipe tentaient de lancer un assaut sur la maison d’un violeur notoire. Violeur et meurtrier puisque l’un des agents y avait laissé la vie.
Finalement, il fallait vraiment aimer son métier pour rester au FBI, ou être complètement cinglé.
Arrivés à la machine, Drake paya les deux cafés et en tendit un à la demoiselle qui l’accompagnait.

« Alors, Melle Walker, qu’est-ce qui t’as décidé à entrer dans le FBI ? Puisque ce n’est sûrement pas la paperasse… »

Drake souffla à l’intérieur de son gobelet afin de rafraîchir le liquide brûlant. Les machines à café servaient toujours leur boisson en quasi état d’ébullition.
L’agent Lowe songea lui-même à la question qu’il venait de poser. Pourquoi avait-il donc décidé d’intégrer le FBI ? Ou tout simplement pourquoi s’était-il engagé dans la police au départ ? C’était certes une bonne question mais une question à laquelle il lui était impossible de répondre. Il n’avait jamais vraiment compris pourquoi il était atterri dans la police de Seattle mais une fois qu’il y avait été, il s’était découvert une sorte de vocation qui n’avait cessé d’évoluer au cours du temps, le poussant à toujours vouloir aller plus haut et plus loin. C’était d’ailleurs sûrement la raison pour laquelle il était désormais le superviseur adjoint de la section des Crimes Sexuels.
Il aimait son boulot par-dessus tout même si celui-ci l’empêchait parfois d’avoir une vie décente ou au moins un peu de temps à s’accorder. Peut-être était-ce d’ailleurs pour ça qu’il n’avait jamais réussi à se remettre avec quelqu’un, ça ou… elle.